Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Le blog de lesplaisirsdemimi.over-blog.com
  • : Plaisirs de la vie, de l'esprit, moments forts ou joies simples qui donnent du prix à l'instant ou qui se gravent dans le temps.
  • Contact

Recherche

Archives

3 mars 2011 4 03 /03 /mars /2011 00:00

Voici les poèmes que j'ai choisis pour le défi poésie lancé par Lillie de la communauté des "CROQUEURS DE MOTS",
un poème d'homme écrit pour  LA Femme, d'abord:
    

           Tu te lèves l'eau se déplie
               Tu te couches l'eau s'épanouit
              

               Tu es l'eau détournée de ses abîmes

               Tu es la terre qui prend racine
                Et sur laquelle tout s'établit.

                Tu fais des bulles de silence dans le désert des bruits
                Tu chantes des hymnes nocturnes sur les cordes de l'arc-en- ciel
                Tu es partout tu abolis toutes les routes
                
                Tu sacrifies le temps
                A l'éternelle jeunesse de la flamme exacte
                Qui voile le temps en la reproduisant

                Femme tu mets au monde un corps toujours pareil
                Le tien.
 
                 Tu es la ressemblance.
                                                                         

                                                                             PAUL ELUARD
 

Puis  celui-ci, hommage brûlant d'un homme à UNE Femme:

                               ALICANTE
    
                Une orange sur la table
                      Ta robe sur le tapis
                      Et toi dans mon lit
               Doux présent du présent
                      Fraîcheur de la nuit
                      Chaleur de ma vie.
                                                                          
                                                                           JACQUES PREVERT 
         

Partager cet article
Repost0
2 mars 2011 3 02 /03 /mars /2011 22:44

 3746611013_4184556efd.jpg  C'est un ouvrage  bien particulier que ce livre d'Eric-Emmanuel Schmitt sur le compositeur Beethoven, paru cet été 2010 aux éditions Albin Michel...
   On prend ce livre en mains, on l'ouvre parce qu'il agresse et retient le lecteur potentiel  surpris par cette phrase-titre empruntée à son ancien professeur de piano: "Quand je pense que Beethoven est mort et que tant de crétins vivent...". C'est une proclamation péremptoire sur laquelle il convient de revenir, même si le génie du compositeur ne peut être mis en doute...
    Eric- Emmanuel Schmitt la prend comme une prémisse à l'essai qu'il développe sur l'impact de sa musique, faisant de son expérience personnelle passionnelle, faite d'engouements et de ruptures, le terreau d'une analyse subtile .
Il s'y révèle lui-même, en proie à la difficile construction de soi à l'adolescence et vingt ans plus tard. Il met en lumière les composantes du génie de l'écriture de Beethoven, comment elle traduit sa personnalité héroïque , optimiste et humaniste.
  "Dans mes heures de désarroi, j'écoutais la "Troisième Symphonie" ou la Sonate au clair de lune pour son final...A coups d'arpèges conquérants, d'accords giclants, de percussions victorieuses, Beethoven m'insufflait son incroyable énergie, me rechargeait, me redonnait l'appétit, l'allant, le désir, l'allégresse(..)

   Plusieurs fois, l'auteur interrompt ses réflexions pour se livrer à une écoute sensible d'oeuvres et les pages deviennent alors passionnantes, pour le néophyte comme pour le familier du compositeur. Tout est rendu incroyablement facile car le livre est accompagné d'un CD sur lequel on retrouve les extraits. Ainsi il évoque ce qu'il entend et ressent à l'écoute de" La 9éme Symphonie", en particulier, l'illustrissime "Hymne à la Joie," irruption de la voix humaine qui chante par dessus l'orchestre déchaîné. Voici ce qu'il dit sur les dernières mesures de ce qu'il nomme "la messe de l'humanité":
Cela se remet à foisonner, à grouiller, à fuser, à tambouriner, la joie s'ensauvage, vire à la transe, c'est une danse dyonisiaque, une explosion finale, une orgie cosmique.
 
   Parler de Beethoven, c'est aussi pour Schmitt, l'occasion de parler de la musique, des musiciens, de Mozart et de Bach, et d' autres grands compositeurs et il en parle bien.
 
 A ceux qui pourraient lui reprocher son discours et ses interprétations subjectives:
La musique n'est que de la musique(..)La musique ne représente rien, n'illustre pas, ne pense jamais!La musique n'a qu'une logique, la logique musicale. Elle évolue hors du sens. Ne tentez pas de la ramener à la sphère spirituelle.
 Eric-Emmanuel Schmitt répond:
Ne rien représenter ne signifie pas n'avoir aucun sens.
La musique touche, insinue. Elle fouille, tourneboule et modifie l'humain, l'atteignant au plus profond
.

  Lire ce livre ne convertira pas forcément à  la musique de Beethoven mais il permettra de comprendre qui il était, son tempérament de lion, sa puissance et la fascination qu'il entraîne à l'écoute de ses oeuvres. On saisira aussi combien il est difficile de transcrire l'émotion musicale, tant elle relève de l'intime.

  Pour ma part, je dois dire que j'ai lu cet ouvrage avec beaucoup d'intérêt: plusieurs soirs par semaine, je chante Beethoven dans le choeur Amadevs, et je le découvre chaque fois un peu plus, exigeant et exaltant...
 
 Editions Albin Michel: 09-2010     ISBN978-2-226-21520-8

  NB/ l'essai est suivi d'une pièce de théâtre KIKI VAN BEETHOVEN écrite au sortir d'un concert où l'auteur a renoué avec Beethoven par l'entremise de FIDELIO. Certains points de l'essai s'y trouvent déjà sous une forme différente, en particulier, l'importance affective de la musique et son imbrication dans lavie quotidienne. La pièce aété montée à Paris à l'automne, au théâtre La Bruyère avec Danièle Lebrun dans le rôle de KIKI et Christophe Lindon à la mise en scène.

Partager cet article
Repost0
28 février 2011 1 28 /02 /février /2011 15:57

    Hello, le soleil brille!...mais il joue  avec le nuage     3731792281_551cbfebf0.jpg

    Un deux trois , soleil
    Tu as bougé!
    Recules, oui, c'est ça , plus loin.

    Un deux trois soleil
    ...
    Bon, pourquoi tu boudes?
    T'as triché, j'avais pas bougé!
    J'veux plus jouer avec toi...
 
    Un deux trois soleil...

    J'ai fait un pas de géant
    Vite, retourne-toi, j'avance
    pendant que tu comptes
 
     Un deux trois soleil
 ...
     Un deux trois soleil...                   
     J'suis presque arrivé
     Encore un pas de fourmi et ...
     Zut, encore bougé!
 
      Retour à la ligne...
      Je recommence, attention!
      Un.... deux....
      Enfin, j'ai touché la frange du nuage
      et je règne sans partage...
 
 Hello, le soleil brille! à moi de compter!
       Un deux Et...

       Le traître vêtu de noir l'a pris de biais
       A capturé ses rayons
       Il l'a assassiné!

  Hélas, les nuées venues en renfort ont gagné la partie
  Plus de jeux
  Plus d'éclats dorés sur les fleurs à peine nées
  L'hiver a encore frappé.

 
    VOILA, C'ÉTAIT POUR SOURIRE UN PEU  , JOUER À CACHE-CACHE AVEC LES MOTS.
 
 
 
   

Partager cet article
Repost0
27 février 2011 7 27 /02 /février /2011 14:22

C'est CarnavalPhotos bretagne fevrier2009 013

                                                          
                                                       
Ballet géant, les vagues lentes dansent
Doucement font la révérence
Dans un souple déhanchement
Etalent les dentelles blanches
De leurs jupes déployées
Et reculent un peu
Pour juger de l'effet.
                                                            
Ballet géant, leur fort parfum
Bouleverse les sens
Enivre les amants.
                                                            
Ballet géant,
Trois petits tours
Et puis s'en vont.

  
(photo: M.A.S)
    Pour information, j'ai évoqué le contexte de cette inspiration dans mon blog, dans l'article "10586 pas..." 10586 pas...                                                   

                                                             
Partager cet article
Repost0
26 février 2011 6 26 /02 /février /2011 21:22

 tout-pres--maud.jpg    Comment Maud Lethielleux réussit-elle à  captiver autant la lectrice que je suis alors que tant de livres passent entre mes mains et qu'a priori je n'appartiens pas à la tranche d'âge de la collection "Tribal" de chez Flammarion où il a été publié?

   Je crois que Maud sait raconter des histoires et nous embarquer avec ses trois personnages, tous aussi paumés les uns que les autres, à la recherche éperdue d'un peu de tendresse, d'estime de soi  et d'équilibre.
 Ils viennent d'arriver chez Marlène, famille d'accueil à elle toute seule. Ils vont vivre quelques mois ici, au "bout du monde", sans grand confort, découvrir la vie simple et travailler à la restauration d'une grange plutôt délabrée. Ils sont trois: le benjamin, MALO, onze ans, au ventre toujours gonflé, gros bébé qu'on a séparé de sa mère; les adolescents, JUL l'anorexique  qui vient de la rue et amoureuse à en mourir d'un type, Ley ,qui l'a pourtant rouée de coups avant de l'abandonner , et l'écorché vif, SOLAM, revenu de tout, armé d'une cuirasse de mauvais drôle, pour survivre à sa solitude et à sa détresse.
  Etrange trio: ils ont du mal à trouver leurs places, s'agressent , se craignent ou s'ignorent tant leur souffrance est incommunicable autrement. On suit leur lente évolution avec un intérêt sans cesse grandissant au fur et à mesure qu'ils nous deviennent familiers, intimes.  On les comprend après avoir été choqués ou dérangés par leurs attitudes, leurs obsessions ou le langage ordurier et provocateur de Solam. On a envie qu'ils s'en sortent, on craint les rechutes , les tentatives hasardeuses pour trouver la voie de la guérison de leurs plaies du corps et de l'âme.
 Leur meilleur soutien, c'est le Journal qu'ils tiennent régulièrement, mais en toute liberté. Commencé sur l'ordre de leur tutrice, rempli d'abord plus ou moins en renâclant, il s'étoffe peu à peu, leur devient indispensable, la seule manière d'accéder à la véritable écoute d'eux-mêmes, le défouloir aussi de leurs rancunes, le lieu des épanchements intimes.
 Il paraît que personne ne lira ce que j'écris alors je peux tout dire, c'est pratique, j'aime bien tout dire quand personne ne peut l'entendre". écrit Malo au tout début.  Jul s'adresse toujours virtuellement à Ley. Quant à Solam,le rugissant, lui, il placarde rageusement ses pages sur la porte de Marlène :
  C'est le point commun entre toi et me daronne: vous êtes trop vieilles pour vous choper un keum et un peu trop moches aussi.
Et vous avez un autre point commun toutes les deux: vous continuez de croire au Père Noël.
On se comprend, hein?
   Allez, mamie, va chialer sur tes plantes, ça leur fera de l'oxygène.


    Pour le lecteur, qui lit par dessus l'épaule de chaque enfant, c'est le choc dès les premières pages: l'écriture , la graphie, le niveau de langue caractérisent chacun d'eux: rapidement , il n'est plus besoin de regarder qui écrit tant les pages sont typées.

 
    Mais ce serait une erreur de croire que ce roman est sombre, désespéré et désespérant: Certes,on y reconnait des visages de l'enfance et de l'adolescence meurtries,  d'un contexte social véridique,  mais il est bourré de tendresse, une tendresse parfois bourrue et qui a du mal à se dire mais authentique.  Il y a de quoi être ému(e) par les cadeaux de Noël, humbles et superbes que chacun prépare dans le plus grand secret,(en particulier, le bonnet rose de lutin tricoté de traviole par une Jul débutante pour Malo) . Chacun finit par trouver l'envie de s'ouvrir à l'autre, de l'écouter, de lui faire plaisir, de lui procurer le moyen de donner un sens à sa vie, Une cellule aimante s'est édifiée grâce à chacun, tout comme la bâtisse en ruine tient maintenant debout grâce à leurs efforts conjugués.
  On a ouvert les cadeaux sous l'arbre, il faisait froid, alors Marlène est partie et elle revenue avec du vin chaud pour les adultes et du thé aux épices pour moi. Nos bouches faisaient de la fumée. Après un moment , on est rentré et pour une fois, j'ai trouvé qu'il faisait très chaud dans la maison. (..) Mon brouillard s'est dissipé. Aujourd'hui j'avais le sentiment de tout voir après des mois en aveugle.(Jul, le 25 décembre)
 
  Ce n'est jamais moralisateur, ni mièvre: le langage est celui des jeunes, pas celui des adultes,. Il est sans concession au bien penser et au bien parler: il semble "naturel" et ce n'est pas la moindre réussite de Maud Lethielleux que d' être parvenue à nous faire oublier qu'elle est là , derrière, que c'est elle qui écrit , avec ces voix multiples, à des äges critiques et des expériences familales et affectives si différentes!
  Comment ne pas s'identifier ou reconnaître un jeune de son entourage, quand on est adolescent-lecteur? Comment ne pas réagir, quand on est adulte, à ces dérives  et surtout à cet extraordinaire pouvoir des jeunes à revivre, à ces trésors de tendresse et à la fragilité qu'ils dévoilent sous des masques d'insensibilité et d'absence?

 J'avoue avoir été émue par cette aventure commencée symboliquement un 7 novembre et terminée le 21 février. L'hiver n'est pas fini, tout n'est pas gagné, mais le printemps et l'espoir que la vie renaîtra plus belle pointent le bout de leur nez, "Tout près" du "bout du monde," il y a le Monde où ils ont désormais leur place, ces laissés pour compte.

 Flammmarion 2010 . Isbn 978-2-0812-4850-2 _510 pages -10 euros!

Partager cet article
Repost0
23 février 2011 3 23 /02 /février /2011 22:45

  5448028431_cf359980a5.jpg J'ai la partition du premier mouvement du concerto pour deux violons de  J.S Bach sur mon pupitre et je l'ai presque dans les doigts.  "Je le tiens " comme on dit dans le jargon des musiciens.
Une situation à laquelle je n'aurais même pas osé rêver il y a six mois alors que je reprenais mon instrument après une trève de plusieurs décennies.

    Pourquoi parler aujourd'hui de cette oeuvre plutôt que d'autres que j'ai jouées avec le plaisir de la remise en doigts et de la maîtrise de l'archet retrouvées peu à peu? Pourquoi ne pas avoir évoqué Vivaldi, Mozart, Bach pour d'autres morceaux que ce concerto et bien d'autres compositeurs que j'ai aimé interpréter avec une certaine "boulimie de notes" (dixit ma professeure Brigitte) après un trop long sevrage?
   Parce qu'elle est liée à ma première vraie émotion musicale alors que j'avais à peine quinze ans.: Deux amis violonistes, de quelques mois mes ainés, ont entamé la répétition du  concerto de Bach en vue de la préparation d'un petit concert d'amateurs. C'était une totale découverte pour moi, ma culture musicale se résumant aux extraits que j'avais étudiés ou aux standards que je pouvais entendre parfois à la radio. Je n'allais pas aux concerts et ne possédais pas de "tourne-disque" comme l'on disait alors. Lorsque les premières notes ont résonné et que les violons ont entamé leur dialogue, j'en ai eu le souffle coupé: je me souviens d'une tension extrême dans l'attente de leurs phrases alternées ou se chevauchant dans des enchaînements de doubles croches brillantes ou sourdes. J'ai adoré les passages des graves à l'aigu, dansant sur les cordes. La ligne harmonique a pénétré  en moi pour s'y graver à jamais dans ces instants de sublime découverte. Depuis, à chaque fois que le hasard des programmations me permet d'entendre de nouveau ce  double concerto en ré mineur, je retrouve cet émoi particulier, je ferme les yeux et me retrouve toute jeunette, béate d'admiration devant ceux qui pouvaient jouer d'aussi belles créations. Je sais maintenant que l'on pouvait beaucoup mieux jouer, j'ai pu apprécier des interprétations magnifiques et historiques comme celle du duo Oïstrakh et Ménuhin ou plus récentes de virtuoses, mais c'est celle de mon adolescence qui me revient toujours avec son tempo et surtout ses sonorités chaudes.

   Et maintenant, il m'est donné de jouer moi-même cette oeuvre majeure dans ma vie (puisqu'elle m'a vraiment ouvert les portes de la musique ), de faire sortir ces notes de mon violon centenaire et  de ressusciter la joie qu'elle m'avait donnée. Il reste à établir le dialogue  avec l'autre violon : il faudra des efforts et du temps mais quel bonheur quand nous pourrons la donner à entendre !
   Et si la magie du concerto de Bach se reproduisait  ce grand jour?...Il y aura , qui sait, une autre Mimi...

NB: la photo est une image fantasmée d'une autre moi-même à quinze ans,

Partager cet article
Repost0
22 février 2011 2 22 /02 /février /2011 23:43

   J'ai rêvé à des voyages sans nombre.
  " Voyages, coffrets magiques..."
      5425420446_2493b5a026.jpg    J'ai ouvert la porte des merveilles......
    avec mon sésame:

     "FUIR, LA-BAS, FUIR", "Fuir, là-bas, fuir", "Fuir, Là-bas, fuir"...
     
       Alors,...
  J'ai parcouru la planète en foulant les sables du désert, en goûtant au charme des oasis, en suivant les traces de Marco Polo sur la Route de la soie. J'ai frémi aux neiges de la Sibérie et du Tibet, vibré sous les soleils méditerranéens, contemplé les coupoles et dômes dorés,  et les peintures des musées. Je me suis même vue, sac à dos sur les chemins,  minuscule auprèsles grandes chutes mugissantes ou perdue au milieu des foules chinoises ou indiennes.
Où partir? où trouver le parfum, les visions et les sensations dont je suis avide? Comment combler  cette envie d' embrasser  un petit bout du monde, celui fait à ma mesure, avant qu'il ne soit trop tard? Où trouver de quoi oublier la violence de ces jours où des hommes doivent mourir pour regagner leur liberté,ou vaincre la  peur qui fait trembler et oublier de vivre?

   J'ai fui, "anywhere out of the world" comme l'écrivait Baudelaire...et ce fut un enchantement de retrouver ce monde illusoire.
 
  Les  voyages imaginaires ont ceci de rassurant: ils  s'arrêtent sans problème d'horaires, de budget, s'organisent  sans soucis de vaccins ou de visas à obtenir, les frontières s' effacent d'elles-mêmes et les pays ont le charme de leurs noms, Syracuse ou Titicaca...
Chaussés de bottes de sept lieues, les petits poucets que nous sommes franchissent sommets et montagnes;  nous survolons les océans pour aller taquiner les icebergs avant de venir nous réchauffer aux soleils tropicaux ou gratter le menton des statues de l'île de Pâques ...Carnavals, fêtes  et festivals, en veux-tu, en voilà!
Poésie, musique, couleurs et danses emplissent ces minutes prises sur la banalité quotidienne même heureuse.

   Mais le rêve s'est brisé. Je ne sais plus si je partirai un jour "là-bas.".J'ai repensé à ces réflexions de Claude Lévi-Strauss dans son ouvrage écrit en 1955(!), Tristes Tropiques: "Voyages, coffrets magiques aux promesses rêveuses, vous ne livrerez plus vos trésors intacts. (..)
  "Je comprends la passion, la folie, la duperie des récits de voyage. Ils apportent l'illusion de ce qui n'existe plus et qui devrait être encore, pour que nous échappions à l'accablante évidence que 20000 ans d'histoire sont joués"(..)L'humanité s'installe dans la monoculture; elle s'apprête à produire la civilisation en masse, comme la betterave. Son ordinaire ne comportera plus que ce plat".

   Puisse-t-il s'être trompé dans sa désillusion!
  
  Demain, j'ouvrirai de nouveau les pages de la tentation et je crois que je partirai quand même quelque part, histoire de voir de mes yeux ce que j'ai vu en songe et d'entendre résonner les chants de" là-bas"...

Partager cet article
Repost0
20 février 2011 7 20 /02 /février /2011 23:27


 Journée mémorable: ce dimanche de février, j'ai ajouté à mes multiples talents celui de jardinier de ma Dame!
       
  - Comment est-ce arrivé?

  -Comme de rien...: il a suffi que de mes yeux les plus tendres, je suggère à ma maîtresse d'aller humer l'air du dehors, pas encore printanier, mais assez tiède pour que l'on puisse s'imaginer quelques mois plus tard avec une légère brise caressant le museau, pour qu' Elle ouvre grand la porte sur le jardin et m'y accompagne.

   "Mignonne, allons voir si la rose..." aurait-elle pu entendre si Elle avait mieux appris mon langage-chat, mais de roses, pour l'instant il n'y en a que les épines et les rameaux à tailler...Qu'importe!
   

  Elle a fait le tour de la maison, moi sur ses talons, gambadant, la coursant, lui donnant de petits coups de pattes, façon entrechats, quand je voulais attirer son attention sur les travaux urgentissimes qu'il convenait d'effectuer avant que mon domaine ne devienne une forêt de mauvaises herbes. Elle n'a rien dit mais à son air, j'ai bien vu qu'Elle était contrariée.
  Mine de rien , je me suis carapaté, j'ai trouvé une planque derrière le laurier -rose et j'ai épié ses faits et gestes. Et alors, ô surprise, elle a disparu à l'intérieur de la maison pour en ressortir presqu'aussitôt les bras chargés de cartons d'où dépassaient des couleurs vives ...Je n'en revenais pas!
  Vraiment, quelle magicienne pour faire sortir, comme ça!, des dizaines de fleurs d'un garage cimenté...

   Armée d' horribles gants verts et d'engins piquants, Elle s'est mise à la tâche. Que c'était pénible pour ses petites mains fragiles! Alors j'ai eu pitié d'elle et je suis venu lui prêter patte-forte.
   Pour moi, c'est chose simple: tous les jours, plusieurs fois par jour, je gratte consciencieusement -ou frénétiquement- le sable ou la terre pour mes besoins personnels et j'ai acquis ainsi une grande technique de "creusage" .( Je sais que le mot adéquat est creusement, mais je préfère" creusage "car il suggère mieux l'effort, l'agissement des pattes fouillant alternativement à la recherche de la bonne profondeur. Difficile à déterminer car c'est tout un art de tenir compte de tous les paramètres...Bref, fermons la parenthèse!)...
  Donc, ayant compris le but de toutes Ses manoeuvres maladroites, j'ai mis mon savoir à sa disposition et j' ai fait une démonstration époustouflante, creusant à la vitesse de l'éclair, une série de trous parfaitement calibrés dans la pointe de terre fraîchement préparée par Lui pour recevoir les plantes fleuries. Je n'ai pas boudé mon plaisir ni regretté ma peine, car de toute évidence, c'était parfait comme consistance: meuble à souhait. Pas même une écorchure!
  Une fois mon travail terminé, je suis parti en sautillant  modestement, mais fier de ma  B.A .Elle n'avait plus qu'à poser ses fleurs dans les trous béants. Elle était tellement contente et surprise qu'elle en est restée baba!...
 
  Quand je revins, après un petit tour dans les parages pour me remettre un peu de mes efforts, je ne pus que constater que j'avais fait du bon travail: plus un seul trou, à leur place, des fleurs jaunes à coeur noir, des blanches , des oranges...Le devant de la maison semblait sourire de tous ces petits pétales épanouis qui écarquillaient d'aise leurs racines dans des trous sur mesure.
   2164020929_0cbc63162b.jpg
 
  Et tout ça, grâce à qui? A moi, Fil de soie, le chat- jardinier, promu illico, jardinier en chef!
  Si vous avez besoin de moi, vous avez mon adresse-mail, il suffit de me le demander, ce sera avec plaisir!
 
  

Partager cet article
Repost0
18 février 2011 5 18 /02 /février /2011 17:00

 Le-journal-secret-d-Amy-Wingate_fiche_livre.jpg  Un grand coup de coeur pour ce Journal secret et une rencontre - plaisir avec Amy Wingate, personnage aussi passionnante pour le lecteur qu'elle a l'air insignifiante aux yeux de son entourage.
    Amy cache bien son jeu, manipule la vérité pour elle-même, ment avec une incroyable bonne foi dans son propre journal. On la croit transparente, elle est opaque.
     L'écriture, prescrite par son médecin comme thérapie à un mal de vivre et  à une agressivité explosive liée à la ménopause, devient le catalyseur d'une remontée du passé refoulé et l'exutoire d'un esprit caustique et plein d'humour. Finalement, rien n'échappe au double regard sans concession  qu'elle porte sur son existence et sur celle des autres, amis de longue date, ou jeunes voisins adorables et envahissants et  sur celle de Gary, jeune Punk avec lequel elle cultive une relation ambigüe mais déterminante.
    
      Ce journal intime, ou plus exactement "secret", -le terme a son importance-, se développe au gré des événements mineurs, quotidiens ou fondamentaux qui ponctuent les quelques mois de son élaboration.  Commencé le mercredi 21 octobre, il s'achève le jeudi 28 avril et couvre 40 années de la vie d'Amy. Rien de systématique dans la fréquence ou la transcription des faits: le rythme de lecture est donc soutenu par un intérêt sans cesse relancé, d'autant que plusieurs histoires s'entremêlent.
      Le tissu narratif est complexe, mais toujours parfaitement clair et on navigue avec jubilation dans les méandres des réflexions de l'incroyable Amy.

      Comment qualifier cette auto-fiction?
      Une plongée au coeur de la vie de province anglaise avec ses "parvenus" débordants de gentillesse et de commisération, à qui tout sourit  (beauté, enfants, cottage de magazine, amour et fidélité, soirées -anniversaire avec les amis, etc..) jusqu'à la crise...; avec ses marginaux  et sa vieille -fille toujours vierge qui n'a ni connu l'amour ni la vie de famille et arrive, revêche et solitaire à l'âge de la retraite anticipée, en l'occurence la dénommée Amy Wingate. Au final, une découverte ethnologique réussie.
      une étude psychologique aux multiples entrées absolument passionnante.
      un récit  fin où l'humour affleure à chaque page avec distinction .
      une intrigue qui maintient le suspense sans faiblir, une narration efficace à l'écriture maîtrisée qui joue sur les effets de miroirs, renvoyant le reflet du présent sur le passé
      un tableau de la Femme libérée ou prisonnière face à des hommes un peu falots mais au pouvoir intact.

 C'est tout cela à la fois.

     Mais ce que j'ai aimé par dessus tout, c'est le ton, les considérations d'Amy croquant avec une certaine satisfaction gourmande ses "exploits" en tout genre.
 Par exemple, sa manière d'échapper au baby-sitting que ses "merveilleux" voisins s'apprêtaient à lui offrir comme distraction:
 Lorsque j'ai compris qu'on s'apprêtait à me transformer en forçat de l'heure du bain...
 "Mais si, elle est fantastique avec les enfants, ma chère, et elle adore ça, la pauvre petite, vraiment."
 ...j'ai été bien contrainte de prendre certaines dispositions. j'ai fait en sorte de lâcher une ou deux fois le nourrisson sur la table à langer, après quoi j'ai bien failli le noyer -des péccadilles de cet acabit. Il est si fréquent d'être maladroit quand on n'a pas l'habitude d'une activité physique en particulier...J'ai été rapidement rétrogradée et je suis désormais affectée aux contes.

 Incroyable aussi, le premier "contact" avec Gary, son futur protégé. Il vient de voler sous ses yeux et elle en a été ulcérée. Elle le retrouve par hasard, un peu plus tard, brandissant  avec insolence son butin , et lui adressant une révérence, assis sur le parapet d'un pont alors qu'elle passe en voiture.
 J'ai senti une explosion de rage monter en moi devant tant de suffisance, et comme ma voiture passait à sa hauteur, j'ai sorti le bras et je lui ai donné une poussée qui l'a catapulté par dessus le pont. Son corps a disparu derrière le parapet. (..) Je me souviens avoir espéré qu'il se soit brisé ou, à tout le moins foulé la cheville et j'ai ri aux éclats tout en m'assurant de prendre les plus petites routes secondaires pour rentrer chez moi. (..)
J'avais l'impression qu'il m'avait délibérément provoquée en duel et que j'avais remporté le match de façon loyale.

 Les heures ont passé, ma raison s'est réinstallée sur son trône glacial et je me découvre horrifiée et amusée par mon geste.

    Amy  Wingate est décidement une vieille dame indigne, mais terriblement attachante!


  L'auteure, Marcia Willet, alias WILLA MARSH, a publié une vingtaine de romans dont "Meurtres entre soeurs" en 2009 aux éditions Autrement;
   LE JOURNAL D'AMY WINGATE (206 pages) , très bien traduit de l'anglais par Eric McComber a été publié en octobre 2010, aux éditions Autrement- littératures.
ISBN: 978-2-7467-1449-6.
  

Partager cet article
Repost0
13 février 2011 7 13 /02 /février /2011 22:12

       Roxane, s'avançant sur le balcon      C'est vous?
                      Nous parlions de...de...d'un...
       Cyrano.                                                   Baiser. Le mot est doux.
                     Je ne vois pas pourquoi votre lèvre ne l'ose 
                      S'il la brûle déjà, que sera-ce la chose? (..)
       Roxane. Taisez-vous!
       Cyrano.                        Un baiser, mais à tout prendre, qu'est-ce?
                       Un serment fait d'un peu plus près, une promesse
                       Plus précise, un aveu qui se veut confirmer,
                       Un point rose qu'on met sur l'i du verbe aimer;
                       C'est un secret qui prend la bouche pour oreille,
                       Un instant d'infini qui fait un bruit d'abeille,
                       Une communion ayant un goût de fleur,
                       Une façon d'un peu se respirer le coeur,
                       Et d'un peu se goûter , au bord des lèvres , l'âme!
 
     


                               Edmond Rostand, CYRANO DE BERGERAC. Acte III, sène 10 (1897)
          
            2248820474_de3eb97c3b.jpglLe Baiser de Rodin: autre définition du baiser.
Mais toutes les définitions seront bonnes...
 
 Bonne fête aux Amoureux,  ici et par- delà les frontières!

Partager cet article
Repost0