Me revoici en pleine forme, la patte légère et l'oeil vif! Je suis heureux de gambader dans un espace complètement ouvert que je m'approprie de jours en jours et j'explore..., j'explore sans relâche à la recherche d'un truc qui bouge ou qui fait du bruit et je trouve!!!...
Ma dernière expédition m'a confronté à un dragon, un animal préhistorique venu du fond des temps. Voyez sa mine rébarbative, son oeil inquisiteur et ses écailles de serpent, ses pattes trappues et griffues, sa couleur grise qui lui permet de se confondre avec les murailles et de guetter sa proie...Brrr.... De près, je l'ai regardé et j'ai eu un mouvement de recul, vite corrigé bien sûr, par respect pour ma race de chasseur! Je suis resté à côté de lui, à bonne distance pour ne pas avoir à accommoder ma vision, et j'ai essayé de comprendre sa stratégie d'affût.
C'est assez simple: choisir un mur chaud pour emmagasiner de l'énergie, s'accrocher solidement et balayer du regard à cent quatre -vingt degrés. Rien à se mettre sous les dents! Il a alors effectué un demi-tour, s'est mis la tête en bas et...il m'a vu, au-dessous de lui qui le fixait. Il m'a alors transpercé de sa pupille dilatée, a dardé une langue fourchue vers ma tête et j'ai bien cru (mais mes sens m'ont peut-être abusé...) qu'il sifflait des insultes. Mon sang n'a fait qu'un tour et j'ai décidé de lui faire rendre gorge.
J'ai calculé la trajectoire idéale et sans attendre, lui ai décoché un coup de patte qui l'a déséquilibré et fait tomber de sa position d' altitude. Le combat a alors pu commencer: son arme, la rapidité et sa faculté à se faufiler dans le moindre interstice; la mienne, une infinie patience et la précision de mon jet de griffes. Je passe sur les détails qui risqueraient de lasser pour signaler ma première victoire: il m'a abandonné sa queue volontairement, en leurre, et il s'est enfui sous une jardinière renversée. Je ne me suis pas laissé avoir et j'ai fait semblant de m'éloigner avec le misérable trophée. Je l'épiais évidemment et quand il est sorti , d'un bond inouï, je l'ai immobilisé et l'ai mordu avec férocité. Je l'ai tenu fermement dans ma gueule, décidé à montrer ma proie à mes maîtres et à la déposer en offrande à leurs pieds.
Mais... Quelle horreur! c'était du fiel pur! Une nausée m'a pris et je l'ai lâché! Il s'est traîné un peu plus loin à l'abri de pierrailles. Il peut se remettre de ses blessures tranquillement: je ne me risquerai sans doute pas de sitôt à mettre la dent sur cette engeance à sang froid...foi de Fil de soie!
N'empêche!...je suis le vainqueur!!!
VENI, VIDI, VINCI comme a dit l'autre grand stratège.........
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