Une survivance du temps où les jeunes châtaigniers qui repoussaient en cépée après une coupe des grands fûts étaient exploités pour leur écorce ou pour préparer des piquets: la cabane du feuillardier.
Les feuillardiers de l'est-charente et du Périgord vert avaient un savoir-faire et un outillage spécifique ( que l'on aperçoit sur la photo) qui leur permettaient de soulever l'écorce sans la briser et d'en faire de longs rubans qui étaient ensuite tressés pour en faire des paniers pour la récolte des fruits ou des vendanges . Taillées plus larges, les écorces constituaient des fauteuils confortables et légers, souvent réservés aux grands-parents près de la cheminée mais que l'on trouve encore maintenant sur les marchés de la région, en particulier à la foire très fréquentée de Piégut en Dordogne pour le bonheur des vacanciers .
Il faut travailler les gaules quand elles sont encore pleines de sève et les feuillardiers s'installent provisoirement au coeur de la forêt, à l'endroit de l'abattage.
Les feuillardiers construisent alors ces cabanes où ils peuvent travailler à l'abri de la grande chaleur ou des intempéries. La charpente est faite de baliveaux de châtaignier, le toit de branchages et d'écorces puis de feuillage retenu par des rames . La structure est belle dans sa simplicité.
Ephémères de part leur matériau, les cabanes ne durent généralement que le temps du chantier et de la saison d'été. ( Elles m'ont fait penser à la maison du puiné des trois petits cochons...)
Avec le retour à certaines formes ancestrales d'artisanat, quelques mains et bras habiles maintiennent cet art du tressage mais ces cabanes ne sont plus qu'un patrimoine soigneusement préservé dans le parc national du Périgord ou réédifié pour la mémoire comme ici près d'un prieuré charentais.