Aujourd'hui, premier dimanche de janvier, c'est le jour de l'Epiphanie, le jour où l'on fête traditionnellement l'adoration des Rois Mages venus honorer l'Enfant .
Le mot grec "Epiphanieia" signifie " apparition", celle d'un être invisible devenant soudain visible.
Stéphane Mallarmé fait de l'apparition de l'amour-femme-fée un moment surnaturel , magique, d'une poésie précieuse et délicate. Un de mes poèmes préférés écrit à Londres en 1863
Apparition
La lune s'attristait. Des séraphins en pleurs
Rêvant, l'archet aux doigts, dans le calme des fleurs
Vaporeuses, tiraient de mourantes violes
De blancs sanglots glissant sur l'azur des corolles.
_ C'était le jour béni de ton premier baiser.
Ma songerie cherchant à me martyriser
S'enivrait savamment du parfum de tristesse
Que même sans regret et sans déboire laisse
La cueillaison d'un Rêve au coeur qui l'a cueilli.
J'errais donc, l'oeil rivé sur le pavé vieilli
Quand avec du soleil aux cheveux, dans la rue
Et dans le soir, tu m'es en riant appparue
Et j'ai cru voir la fée au chapeau de clarté
Qui jadis sur mes beaux sommeils d'enfant gâté
Passait, laissant toujours de ses mains mal fermées
Neiger de blancs bouquets de fleurs parfumées.
Stéphane Mallarmé - Premiers Poèmes
(1842-1898)