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  • : Plaisirs de la vie, de l'esprit, moments forts ou joies simples qui donnent du prix à l'instant ou qui se gravent dans le temps.
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17 avril 2010 6 17 /04 /avril /2010 21:25

      Chat-24_389x506.jpg Voyez comme je suis sage! et c'est comme ça depuis hier soir: repos, sieste, repos, petit somme, repos, pause méditation, relaxation, dodo... Maintenant, je suis zen et prêt de nouveau pour un long sommeil réparateur après ces activités épuisantes de la journée à chercher l'ombre, à changer de "nid" parce que le soleil tourne et qu'aujourd'hui, c'était un temps à attraper des coups de  chaleur. C'est un vrai travail!

      Croyez moi, ce n'est pas donné à tout le monde de récupérer aussi vite d'un stress aussi intense et perturbateur que celui qui a bouleversé mon équilibre hier! Je connais certains humains qui passent leur vie à chercher cette sérénité de vieux sage,et ne la trouvent pas, alors que moi, j'en connais la Voie. J'avoue humblement n'avoir aucun mérite puisque j' en ai la science infuse...

      Donc, R.A.S.en ce qui me concerne en ce jour béni des dieux. Tutto va bene!

      Tout, pas tout à fait , car je l'avoue, je me suis passablement ennuyé  à rester si inactif et à ne pas pouvoir seulement lire à Leur côté ou écouter de la musique, ou gambader à travers champs et guérets, à jouer à l'explorateur de la jungle limousine.   

      Ils sont restés là tout le temps, à s'escrimer avec une terre récalcitrante, à planter des fleurs, à me parler gentiment, heureux de ma compagnie caressante et ronronnante. Je leur devais bien une journée sans souci avec leur chenapan de chat! ...Mais je crois que j'ai pris goût à ma petite dose quotidienne de stress et que, mes forces revenues, je repartirai voir plus loin que le pré de la maison, en prenant mes repères, cette fois!!!

       Bonne nuit, et ronron, petit patapon.

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16 avril 2010 5 16 /04 /avril /2010 20:55

3626024892_64cc5b792e.jpgAujourd'hui j'ai fait une énorme bêtise qui aurait bien pu me coûter la vie,  du moins celle-ci, puisqu'on dit que les chats ont sept vies. Comme cela reste à prouver, je m'accroche  par sécurité( ou sagesse) à  celle  dont je jouis présentement!

La journée s'annonçait fort calme: plus l'ombre d'un engin de quelque nature que ce soit, les portes et fenêtres grandes ouvertes pour laisser passer un soleil généreux et des activités humaines routinières. Tout allait pour le mieux, je L'aidais à transplanter un camélia en grattant avec soin dans la terre qu'Il remuait lorsqu'Elle est arrivée en disant qu'il était bientôt l'heure de se préparer. Pas de souci, pas d'alarme: à vue de soleil, ce devait être l'heure du  breuvage rituel aux vertus millénaires. Mais Ils ont disparu dans la maison et sont revenus"habillés" pour sortir. Ah, non, c'en était trop! Ils voulaient me faire rentrer, par ce temps? Certainement pas! et pour les agacer, j'ai effectué un pas de deux vers eux, l'air soumis, et au moment où ils allaient m'attraper, j'ai filé comme un fou vers le fond de la prairie et dans mon for intérieur, en chat mal léché, je leur ai tiré la langue! Na, ça leur apprendra de vouloir m'abandonner dans une maison close (!) dont je n'ai pas la moindre envie!

Ils sont partis. A moi la grande liberté...

J'ai décidé d'abord de faire un tour dans le hameau déserté et je n'ai rien vu qui vaille la peine de s'arrêter pour explorer. Prêt à rebrousser chemin, j'avisai soudain, là, devant moi, à dix" empattées"à peine, une merlette toute jeunette et tendrelette qui sautillait, à la recherche de quelques vers ou vermisseaux. Pour moi, avec ma détente, ce ne serait rien de la capturer sans trop l'abîmer et de jouer avec pendant  longtemps. Je pris ma position ventre à terre,pris mes marques, agitais l'arrière-train pour l'élan et hop!..........Manquée!!!!!! (d'à peine une patte, mais ratée...)

Je déteste rester sur un échec et je jurai de l'avoir, par n'importe quel moyen, mais le problème , c'est que je ne connais qu'une méthode, celle qui m'avait valu ma défaite... et la chipie, elle me narguait en se posant tout près de moi, en continuant son petit travail de fouille sans me perdre des yeux. Au fond, je m'amusais bien, et je la suivis là où elle voulait. Soudain, elle s'envola pour de bon et je me suis retrouvé complètement perdu au milieu de nulle part. Je commençais à avoir faim, soif et le soleil se couchait dans son sang, des bruissements bizarres, des passages furtifs. Peut-être un renard fourbe et patient, un sanglier qui me déchirerait  dans sa charge aveugle...Les pires scénarios s'emmêlaient dans ma tête. Je n'en pouvais plus, mes pattes, à force de fouler les sols caillouteux et de s'écorcher aux ronces, me faisaient atrocement souffrir. Je m'assis , résigné et abattu: je n'y arriverai jamais!

La nuit était noire, j'avais froid, j'étais perdu.

Soudain me parvint une note familière "ieoieee", presqu'inaudible. C'était Elle qui me hélait. Je n'avais qu'à suivre la direction  de la voix. Heureusement, Elle ne se découragea pas et bientôt je pus percevoir l'inquiétude de l'intonationde son appel. Alors, je déployai tout ce qui me restait d'énergie, j'oubliai mes membres douloureux et retrouvai le coin des maisons, la grange, la prairie, la maison et Elle et Lui, debout sur la terrasse et criant de joie: il est là!

Hors d'haleine,je sautai littéralement dans Ses bras et me mis à ronronner follement, m'agrippant à ses épaules. Une fois encore, Ils m'avaient sauvé de mes étourderies et de ma présomption!

Je ne recommencerai plus tout seul ; la grande aventure n'est pas pour moi, hélas!

                                  (à suivre?)

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15 avril 2010 4 15 /04 /avril /2010 19:11

 2009-06-22-chat-orange-et-bleuBranle-bas de combat: le monstre est revenu trois fois plus gros et mille fois plus bruyant!

Ce n'est pas un tracteur; maintenant , je  sais reconnaître ces machines et  quand on se tient à bonne distance, ce n'est pas pire qu' une autre espèce de prédateur.

J'ai bien enregistré ce qu'Ils disaient et à leur air satisfait, j'ai compris que cette fois, bizarrement,  Ils étaient heureux de son arrivée intempestive et qu'Ils attendaient ce moment depuis assez longtemps."Viens vite, avait-elle crié à Lui," le tracto- pelle" est là .De fait, quand on peut nommer les choses, l'angoisse disparaît, l'esprit trouve de quoi se rassurer par je ne sais pas, moi!, mais par exemple par le jeu des sonorités, la musique des syllabes qui s'entrechoquent  ou s'harmonisent, on sait si la chose est bonne ou pas.Vous me suivez?

J'explique:_    vous prenez le mot "tracteur": vous entendez" teu-keu-teu", donc des dentales agressives auxquelles s'ajoutent les deux vibrantes des "ères" qui font trembler et un "A"ouvert comme pour avaler le monde. Vous avez dans le mot, inscrite en caractères définitifs, la nature sauvage et carnassière de l'engin.

C'est évident, non?

               _    vous prenez maintenant le mot composé "tracto-pelle":  l'agressivité est la même au début, mais aussitôt arrive la douceur labiée du" peu",comme un baiser, la fluidité des "ailes" et l'ineffable "e" qui prolonge dans un souffle ténu la suavité des syllabes.

Je ne peux absolument pas avoir peur de cet intrus: c'est un monstre pacifique chargé à ce que j'entends, de débarrasser le terrain d'un tas de pierres où se nichent, sans doute des serpents et autres dangers que je n'ai pas compris.

Je pars donc, rassuré, trouve un coin propice pour poursuivre mes investigations linguistiques en  toute quiétude. Comme il se doit, je commence par moi , "Fil de soie". 

     Vous entendez comme moi la douceur de ses consonnes, la suavité et la légèreté des voyelles, le mystère des finales en suspens;  Ce n'est que finesse, élégance et courbes élancées, volutes soyeuses, tout à fait moi, en rêve!!!!!!!....La preuve: mon portrait ci-dessus.

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14 avril 2010 3 14 /04 /avril /2010 21:20

   prod1374-1-grand.jpg     Aujourd'hui encore, j'ai eu mon plein d'émotions fortes et ce séjour censé être  de récupération tourne au parcours du combattant...

Ce soir, je n'en peux plus: je n'ai pas pu fermer l'oeil de l'après-midi et ce matin encore moins à cause de...Ca me fait mal  rien que d'y penser et je n'ose pas  dire ce qui s'est passé! C'est un cauchemar de vivre ici, dans ce pays de monstres rugissants, projetant des immondices à quelques mètres de "notre" maison en jets bruns et puants.

J'ai été réveillé à l'aube( c'est-à -dire que le soleil était déjà passé au dessus du talus qui borde le chemin creux et "pailletait chaque fleur d'une humide étincelle" comme l'écrivait ce pauvre Verlaine si cher à mon coeur) lorsque des roulements indescriptibles, plus forts que les grondements du tonnerre qui m'effraient tant, m'ont fait jaillir du canapé où je dormais du bon sommeil béat qui est mon ordinaire. Des chars sous mes fenêtres, le village en état de siège, la population terrorrisée? Le scénario catastrophe qui m'avait tant impressionné quand j'avais vu un film historique à la télé avec Eux, au point que j'étais allé me cacher sous un fauteuil, était en train de se dérouler ici même, au bout du bout du monde!

J'ai couru vers la cuisine où je savais les trouver et j'ai cherché le réconfort dans leurs jambes. A mon grand étonnement, ils n'étaient pas troublés, n'avaient pas l'air très surpris. Mais voyant mon poil hérissé et ma mine affolée, ils ont eu pitié et ils m'ont expliqué enfin ce qui se passait. "N'aies pas peur, ce sont monsieur et madame V. qui préparent le champ pour y mettre du maïs: d'abord, ils l'abonnent (???  je n'ai pas compris, ils ont un vocabulaire parfois...ésotérique) puis ils le retourneront" . Alors là, je me suis senti complètement dépassé par leur discours; j'ai eu encore plus peur devant ces pratiques mystérieuses.

Au bout d'un moment, toujours à l'abri  de la cuisine, je me suis aventuré sur l'appui de la petite fenêtre qui donne sur le champ en question et j'ai vu le mastodonte de près: des roues énormes, une hauteur de plusieurs hommes, une sorte de cage où j'entrevoyais la silhouette minuscule  du  dompteur de la machine hurlante. Je m'imaginais, broyé par l'engin, avalé par ses mâchoires énormes, une poussière perdue dans l'immensité de la planète, rien dans le grand trou noir...Fasciné, je suis resté là longtemps, longtemps, puis le calme est revenu :plus de vacarme, plus de sol bouleversé. Je suis sorti prudemment par l'arrière de la maison, et ragaillardi, j'ai fait quelques galipettes avant de m'effondrer dans un petit coin ensoleillé.

A mon réveil, il n'était pas midi et quand je me suis présenté pour prendre mon repas, mes maîtres étaient partis je ne sais où, fuyant la tourmente à venir et m'abandonnant lâchement. Ils n'avaient pas dû m'appeler très fort pour que je n'entende pas...j'ai l'ouïe très fine et exercée!

A peine avais-je pris conscience de mon infortune que le travail  infernal reprit et je vous laisse imaginer mes alarmes  durant tout l'après-midi.

Quand Ils sont revenus pour tout sourire, je leur ai fait "la gueule" des mauvais jours pour me venger et ça a marché: ils ont cherché à se faire pardonner et m'ont dit le nom du Monstre: le TRACTEUR.

Celui-là, je ne suis pas près de l'oublier!!!

Maintenant vous savez pourquoi je suis fatigué, mais ça fait du bien de se confier...

                                                 (à suivre)

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13 avril 2010 2 13 /04 /avril /2010 20:50

  f_IMG5296m_9e9e90b.jpg   " Moi,le bien nommé Fil de Soie, m'engage à rester calme aujourd'hui, à ne point quitter la terre ferme, pour recouvrer mes forces et le contrôle de mes nerfs mis à mal lors de mon aventure  de haute voltige".

 Voici le serment que j'ai formulé ce matin, après m'être étiré avec douleur à mon lever, les yeux mis- clos encore de sommeil.

     J'ai donc paressé autant que j'ai pu, en changeant de siège à plusieurs reprises pour faire croire à la maisonnée que tout allait bien dans ma tête et dans mes muscles. Mais quand  je me suis retrouvé tout seul dans la grande maison silencieuse parce qu'ils étaient allés au village chercher ce pain si croustillant et parfumé, je me suis senti très "bête". Comment je vais m'amuser? Je suis un animal de compagnie , quand même!!! et il me faut un public,sinon je m'ennuie, je m'ennuie, je m'ennnnuuuuiiie!....

      Elle et Lui ont la manie d'aérer et j'ai pensé que même s'il faisait un peu frisquet, la  petite fenêtre de la chambre  était restée ouverte. J'y cours, plein d'espoir, et.... Gagné!... mon intelligence, mon sens aigu de l'analyse des  faits en toutes circonstances m'avaient permis de triompher des difficultés inhérentes à ma situation de chat emprisonné par sa faute dans un espace confiné( enfin pas trop, j'exagère comme toujours...) et je goûtai la liberté conquise  en esquissant quelques entrechats de mon invention et dérapages contrôlés pour tester mon temps de réaction devant le danger. Ouf!... J'ai fini. On ne sait jamais ce qui peut advenir dans une contrée aussi sauvage et reculée que la campagne limousine!

       Au bout d'un moment  inintéressant au possible à regarder voler des papillons volages et à chasser sans conviction quelques fourmis besogneuses, je fus pris d'une petite envie. Oui ,mais comment regagner ma litière douce à mes pattes et toujours propre? En entrouvrant la fenêtre pour passer, j'avais créé un courant d'air qui avait fait claquer la porte de communication. Il ne me restait qu'une solution: trouver l'équivalent dans le pré.

       " Qui cherche, trouve " dit la sagesse féline et humaine et j'ai déniché ce que je voulais: un petit monticule de terre très fine, tamisée, du bon diamètre. L'idéal, quoi...! Mais surprise à nulle autre pareille, plus je creusais mon petit trou, plus il s'élargissait bien sûr, mais surtout, plus il s'enfonçait profondément dans la terre. Je m'exaspérais d'atteindre un endroit ferme et poussé par la curiosité et la rage de ne pas comprendre ce qui était là dessous, j'en vins à me coucher sur le sol, à engager mes deux pattes dans le conduit et à gratter furieusement, sans me soucier des débris que je projetais sur mon pelage et sur mon nez si délicat.

      Enfin, je sentis une résistance et je tirai de toutes mes forces une chose molle, chaude et poilue vers la surface. Une souris pensais-je, fier de ma prise de guerre. Mais c'était une bestiole étrange, apeurée, sans yeux ni pattes, grise, une créature du royaume d'Hadès. J'avoue à ma grande honte, que je l'ai laissée là où elle était et que j'ai détalé comme un lapin, action peu glorieuse pour un chat de ma trempe... 

     Je revins près de la maison, penaud et " jurant, mais un peu tard, qu'on ne m'y reprendrait  pas". L'attente fut longue et douloureuse avant le retour de Elle et Lui...Comme quoi, il ne faut jurer de rien!

                                                (à suivre...)

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13 avril 2010 2 13 /04 /avril /2010 15:38

    letigreblanc.jpg    J'ai lu le roman d'Aravind Adiga, Le Tigre blanc, dans le cadre du challenge " BIENVENUE EN INDE" découvert sur le blog d'Hilde, avec un grand plaisir doublé d'une  curiosité sans cesse éveillée par le tableau de l'Inde du XXIème siècle qui se construit en filigrane tout au long de l'intrigue.

        C'est l'histoire d'une réussite individuelle que  raconte un certain Ashok Sharma, entrepreneur à Bangalore," centre mondial de la technologie et de l'externalisation" au premier ministre chinois, Wen Jiabao, en visite prochaine  dans la région. Installé dans son bureau, éclairé symboliquement par un énorme lustre à pampilles qui le met en pleine lumière au coeur de la nuit, il lui confie dans huit lettres , en un cycle de sept nuits, tout ce qu'il doit savoir sur la façon dont l'esprit d'entreprise naît, s'épanouit et se développe dans" ce glorieux siècle de l'homme jaune et de l'homme brun". En fait, il lui raconte sa vie, et celle de tous ceux qu'il côtoie ou a cotoyés et c'est l'Inde tout entière qu'il dépeint, celle d'avant et d'aujourd'hui, celle des nantis et des parias, celle de la "Lumière" et celle des "Ténèbres".

     Ce parti pris d'une écriture épistolaire impose son rythme  à la narration et autorise la confession d'une double personnalité à un destinataire qui devient de plus en plus familier dans les interpellations de l'Indien. Il permet la révélation progresive du parcours hors -norme qui a fait de lui, de son nom véritable Balram Halwai, l'assassin de son employeur dont il a usurpé l'identité aprés s'être emparé de son argent. Recherché par toutes les polices, il décripte pour son interlocuteur toutes les zones d'ombre et les étapes qui jalonnent son parcours et le lecteur n'a aucun mal à se sentir le destinataire privilégié de son récit. On sait, dès les premières pages, son passé de criminel et il s'agit alors de suivre le lent mais inéluctable processus qui l'a conduit à commettre  l'assassinat.

       Enfant intelligent mais d'une extraction si humble qu'il ne peut pas terminer ses études secondaires, il devient serveur dans un tea-shop pour un salaire misérable, refuse cette existence toute tracée et apprend à conduire. Il devient chauffeur d'un nouveau riche, et conduit monsieur et madame, son épouse américaine, Pinky Madam, aux caprices de star, dans le dédale incroyable de New- Delhi. Il apprend la dure loi de la jalousie de ses collègues, de l'humiliation permanente et fasciné par le monde de richesses et d'argent facileoù il vit désormais,il perd ses scrupules, sa morale et rompt avec sa famille et la tyrannie de sa grand-mère Kusum. Il choisit de  garder pour lui seul son salaire et de jouir de sa liberté. Il se veut un homme neuf, moderne. Il découvre en réalité l'individualisme , l'égoïsme et la soif de l'argent inextinguible.

 

        L'autobiographie sert en fait de prétexte à une autopsie de l'Inde au double visage: violente, corrompue, miséreuse, ambitieuse mais aussi pleine d'intelligence, de dynamisme.

On plonge au coeur de l'obscurantisme, des superstitions et de l'aliénation de l'individu écrasé par des siècles de soumission et par le système des castes:"Observez les hommes qui travaillent; je dis les hommes mais je ferais mieux de les appeler des araignées humaines". Et citant le poète Iqbal à propos des esclaves: "Ils restent des esclaves parce qu'ils ne peuvent pas voir ce qui est beau en ce monde"

On assiste, par les yeux de l'enfant  horrifié qu'il était alors, au cérémonial de la crémation de sa mère sur les ghasts boueux et puants du Gange, aux punitions exemplaires infligées à ceux qui osent se rebeller contre les puissants locaux (surnommés La Mangouste, la Cigogne et le Buffle... ce qui dit bien leur degré d'inhumanité ) ou même voter aux élections du Grand Socialiste comme le veut la démocratie.

L'Inde des pots de vin, des élections truquées, de la corruption, des  manigances politico- économiques est livrée sans complaisance au lecteur et le tableau n'est pas bien beau...

Aravind Adiga n'a pas peur de l'irrévérence et il ironise avec son personnage sur les croyances des Indiens" aux trente six millions de dieux" et les paradoxes de son pays en matière de culte.

On voit aussi l'Inde qui sort de l'antiquité et devient championne des technologies, tient l'Amérique en sous- traitance et construit des villes , des immeubles  ultra- modernes et concurrence les plus puissants pays du monde

        "L'Inde est en réalité deux pays en un: une Inde de la Lumière et une inde des Ténèbres. L'océan apporte la lumière à mon pays. Les régions situées à proximité dela mer vivent dans l'aisance. Tandis que le fleuve-le fleuve noir- apporte l'obscurité aux autres"(page 25)

        Le Tigre blanc, surnom que son instituteur avait donné à l'enfant sans nom qu'il était alors parce qu'il avait été sidéré par son intelligence et la rareté d'un tel prodige, montre à travers sa correspondance pleine d'ironie, d'invention et de surprises narratives qu'il est digne de le porter. "J'ai réussi! Je me suis évadé de la Cage!" clame-t-il à la dernière page de sa missive, fusse au prix d'un crime. "Ca valait la peine  de connaître le sentiment de n'être pas un serviteur" . Le roman se termine sur une exclamation "Ha". Comment l'interpréter? Un cri de soulagement, de victoire ou de défi? Les trois à la fois sans doute.

 

       Même si mon propos est assez sérieux dans cette chronique, ne vous laissez pas abuser: le livre est très plaisant à lire et on ne s'ennuie pas une seconde! L'intrigue est bien menée et le style simple permet de lire vite. On se familiarise assez rapidement avec les termes hindis et il y a un glossaire...

       En conclusion, une découverte enrichissante et agréable de l'Inde et de sa littérature contemporaine  en compagnie du Tigre Blanc et de son jeune auteur lauréat du prestigieux prix Man Booker Prize en 2008 pour ce premier roman.

 

    Roman édité aux éditions BUCHET-CHASTEL en 2008 et traduit  de l'anglais (Inde) par Annick Le Goyat.

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12 avril 2010 1 12 /04 /avril /2010 17:40

         126670-zoz-planche-de-stickers-chat-perche-30x42-cm-.jpg Je me prépare à m'élancer vers la branche voisine où je sens comme une odeur de plumes et de fiente: le corps tendu à l'extrême comme la corde de l'arc d'Ulysse ( je suis un chat lettré car j'ai passé beaucoup de temps dans les papiers et les livres de mes maîtres sous la lampe chaude du bureau...fermons la parenthèse)... et les muscles prêts , je donne le coup de rein décisif en lançant mes pattes vers l'avant dans un magnifique sillage aérodynamique. Je pars dans une poussée ascensionnelle pour me retrouver à ma grande honte, trois mètres plus bas, gigotant comme une araignée, agrippé tant bien que mal à une frêle brindille qui menace de rompre et par la même occasion de me projeter sur le sol et de me fracasser le cou. Qui a dit que les chats retombaient toujours sur leurs pattes quand ils tombaient? Je peux vous assurer que malgré cette propriété féline que je me répétais pour m'exhorter au courage, je n'en menais pas large car je sentais mes forces faiblir, mes griffes s'arracher de mes coussinets et mon dos s'arquebouter en vain pour redresser mon corps trop lourd de chat bien, trop bien nourri! En ces instants dramatiques, j'ai revu mes gamelles appétissantes et ma vie de chat comblé est repassée à toute vitesse dans mon esprit: les couettes chaudes où je me blottissais, les genoux et les épaules chéries, la musique que j'aimais écouter en m'endormant,etc, etc , etc...Perdre tout cela parce que je n'avais plus la force de me rétablir comme n'importe quel chat  normalement constitué d'une queue à la bonne longueur , quelle injustice !!!!!!!!!

         Je vous le dis comme un secret: on a dû m'amputer de ma queue qui faisait ma fierté et me permettait de parader ou de montrer mon contentement ou ma colère aux autres congénères  et aux humains. J'ai été victime d'un chauffard  qui me l'a écrasée en roulant trop vite. Je tairai son nom par magnanimité mais je lui réserve comme on dit "un chien de ma chienne" comme cadeau. Bref, je suis handicapé.

         J'étais prêt à tout lâcher, je n'en pouvais plus, j'ai dit adieu au monde et j'ai regardé en bas, malgré le vertige qui me gagnait inexplicablement...et je les ai vus, tous les deux ,me tendant les bras. Alors, je me suis laissé choir et  mon corps , miraculeusement a décidé pour moi des mouvements à effectuer pendant la descente en vrille. J'ai senti la terre sous mes pattes... J'étais sauvé de la mort et du deshonneur .

          J'ai eu peur, mais je recommencerai, c'est sûr, car c'est trop bien de sentir cette montée d'adrénaline. Je m'entraînerai sérieusement tous les jours et on verra bien qui sera le plus fort à l'accro- branche. Non mais!!!......

En attendant, je vais prendre du repos comme tout bon matou qui se respecte.

Bonsoir la compagnie!

                                              (à suivre)

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11 avril 2010 7 11 /04 /avril /2010 18:10

le_chat_qui_veut_voler.JPG

         Me voici donc dans mon nouvel univers: Quel choc!

         Je suis assailli par des odeurs entêtantes, âcres et animales. Moi, le maniaque de la propreté, je sens des effluves d'excréments qui me font froncer le nez et agiter les moustaches pour les chasser. Mes maîtres n'apprécient guère non plus mais déclarent que c'est normal: c'est l'épandage du fumier sur les prés pour les fertiliser. J'apprends donc que c'est un mal nécessaire et ma philosophie de chat m'incite à choisir de m'installer à l'intérieur. J'ai repéré à la mezzanine des fauteuils profonds et douillets sur lesquels le soleil donne et sans plus de façon je m'y love pour récupérer de toutes ces agressions.

         Mais je n'arrive pas à dormir! Assez, les humains! Vous ne savez pas qu'il est dangereux de réveiller un chat qui dort , surtout pour lui demander s'il se trouve bien ici et blablabla et tutti quanti? Et que je te caresse,que je te papouille,que je te te chatouille le dessous des pattes alors que je déteste et que je dois me retenir de  tout mon amour pour garder mes griffes rentrées. Elle me prend dans ses bras et  je pressens un mauvais coup. J'avais raison: je me retrouve au grand vent, sur une surface verte à perte de vue qui me  gratte le ventre et mouille mon pelage.

         J'avance avec précaution, attentif au moindre obstacle, levant les pattes bien haut, humant des odeurs, fraîches cette fois, et parfumées. Tiens, de minuscules corolles blanches au coeur jaune comme des oeufs, des hampes jaunes regroupées en clochettes, et cachées comme si elles avaient peur de moi, de toutes petites et douces violettes. C'est joli!

         Un bruit non identifié me fait sursauter et  d'instinct, je m'élance sur une colonne lisse où je m'agrippe de toutes mes forces et je grimpe, grimpe jusqu'à perdre haleine et cotoyer le ciel. Je suis un héros et domine les faibles créatures restées en bas et qui me crient: "Descends Fil de soie, tu vas trop haut!". Mais je leur fais comprendre en m'aventurant sur une branche légère que je n'en ferai désormais qu'à ma tête! J'ai bien plus de cervelle qu'un oiseau et je peux même voler comme eux!  La preuve: je vais les rattraper...

                                                                (à suivre...)

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10 avril 2010 6 10 /04 /avril /2010 14:43

     xle croizic 09 09 656 Fil de soie est parti en vacances à la campagne. Quelle expédition et que d'alarmes! Laissons- lui raconter ses émotions...

       D'abord j'ai été dérangé dans mes occupations habituelles du matin, déjeuner, toilette et dodo sur ma polaire, par une agitation et des bruits intempestifs de portes de placard que l'on ouvre, que l'on referme longtemps après, par des odeurs nouvelles de sacs neufs, par des échanges animés sur les choix à effectuer. Bref, je trouvais qu'ils exagéraient un peu et je suis allé me cacher dans un coin bien tranquille où je me suis assoupi dans un baîllement bienheureux. Hélas, Elle connaissait ma tanière et soudain, je me suis senti soulevé dans ses bras, câliné avec des mots tendres et fourré dans une cage grillagée et exiguë qui puait le plastique. Quelle trahison!!! J'ai miaulé à fendre le coeur, gratté à ce que je croyais une porte s'ouvrant normalement sous ma poussée, mais rien n'y fit! J'assistais impuissant à leur va-et vient de l'entrée à l'extérieur, les bras chargés de bagages, puis vint mon tour. Transbahuté jusqu'au siège arrière de la voiture, je fus placé au milieu de manière à voir ma maîtresse et, à ce qu'elle me dit, à être rassuré par sa présence...Comment se sentir tranquille quand on est mis à son corps défendant dans cet engin de mort bien connu par la gent féline pour les carnages dont il raffole? Je voyais bien que mes gémissements, mes contorsions ne me délivraient pas et agaçaient les humains devant moi mais de désespoir, des feulements horribles dont je ne me croyais pas capable ont jailli de mon gosier asséché par la panique.

      Je n'en dirais pas plus sur la torture du voyage... Nous arrivâmes enfin!!!!!

                                                                       (à suivre...)

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9 avril 2010 5 09 /04 /avril /2010 18:56

      "Un conte de fées drôle et émouvant au charme furieusement excentrique" indique la quatrième de couverture de ce roman publié en Angleterre en 2003 et  traduit en 2009 pour les éditions françaises Héloïse D'Ormesson.

        Effectivement, on prend du plaisir à lire les aventures de Fatima, bonne à tout faire, malchanceuse chronique qui part de son île chaleureuse de  Djerba pour servir une vieille aristocrate ( la comtesse Merveil du Roc) et sa chienne Emma dans le très huppé seizième arrondissement de Paris. La fin optimiste et romanesque à souhait aisément prévisible et souhaitée par le lecteur- tant le personnage  de Fatima dégage d'empathie et d'énergie pour faire face à sa nouvelle existence- n'est pas le véritable intérêt du récit, à mon sens.

        Ce qui prime, c'est la galerie de portraits tous plus pertinents les uns que les autres, hauts en couleur et le tableau presque exhaustif du monde parisien avec ses quartiers chics ou très populaires, chaleureux et bigarrés ou guindés, le petit peuple des chambres sous les toits ou des salons

         Dans l'immeuble de six étages du 34bis, avenue Victor Hugo, cohabitent des personnages très typés, parfois un peu caricaturaux, les nantis et ceux qui les servent . Se créent ici des relations inattendues ,souvent truculentes et qui disent avec humour  combien les gens ont du mal à sortir de leurs préjugés ou de leurs attitudes  de "caste".  A côté,  donnant comme de juste sur le trottoir, il y a le café-bar  très vieillot comme ses tenanciers où se réunissent des habitués en mal de famille ou d'un lieu accueillant: on y parle, on suppute, on regarde  les intrus, on y a sa place et ses consommations. En fait, même toujours ensemble, ils ne se connaissent pas, cachent leur vraie nature et leur histoire personnelle, les timides font les fanfarons. Sous leur convivialité apparente, de même que  dans le vieil immeuble de pierre sous leur politesse désuète, ils sont tous terriblement seuls, avides d'attention et d'un peu d'humanité. On découvre des souffrances étouffées par une sévérité ou une résignation de "classe", des rêves inavoués et la misère cachée, la honte ou l'orgueil aliénant.

     Mais ce n'est jamais triste parce que Fatima représente l'espoir et la porte de sortie pour  Hyppolyte Suget,( le minable ex petit rat de l'opéra, ex-taulard), pour Hadley HadleyIII, écrivain en herbe ou pour la Comtesse. Elle est aidée par l'opulente Victorine qui distille le bonheur avec son grand rire et sa force de femme solide.

On pourrait s'amuser à décripter les noms des personnages tous signifiants comme dans les contes de l'enfance.

       Les auteurs sont Anglais  mais pour cette raison ils voient clair dans la vie française et l'écrivent avec leur humour particulier.

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