C'est une histoire vraie, elle date de cette après-midi du 16 août.
A saisir, séance tenante.
C'est l'heure chaude où plus rien ne bouge.
Accablée, je me cache à l'ombre de l'érable. En face de moi, à une vingtaine de mètres, d'autres grands arbres éclairés par le soleil, délimitant comme une vaste scène.
Dans le silence, j'écoute le doux ressac des feuilles que berce la brise et les yeux mi-clos, je vogue au gré de mes rêveries. Une double colonne de fourmis s'échine sur le tronc lisse et argenté de l'arbre.
Calme et paix.
Un léger craquement venu de là-bas m'alerte. Il serait bon d'ouvrir l'oeil...Un bruissement de feuilles...
Les sens en éveil, j'adopte l'immobilité totale.
Dans l'énorme cépée de noisetiers, une branche haute tressaute, puis une autre à sa droite, encore une autre, une autre, encore et encore...Une valse endiablée s'anime en secret sous la canopée.
L'oeil s'épuise à suivre les arabesques des rameaux qui s'inclinent tour à tour sous le poids léger des danseurs. Parfois un éclair de feu strie le vert sombre, souligne les figures souples.
Une série de petits bruits de castagnettes annonce un deuxième tableau: voici qu' apparaît le danseur étoile, le "gat-esquirrou", l'écureuil roux et intrépide, le pelage élégamment ébourriffé. C'est le début d'un grand solo. Preste, il fuse, voltige entre les arbres, y pénêtre un instant pour en ressortir aussitôt, corps scintillant sous le soleil. Il cabriole, galipette lors d'un rapide passage au sol avant de jouer au funambule sur des branches souples de bouleau en multipliant les facéties. Splendide!
Une ultime prouesse le propulse sur le grand sapin .
Cabotin, il revient au devant de la scène, panache triomphant comme pour recevoir ses acclamations avant de disparaître derrière le rideau épais des arbres.
Salut, l'artiste!
Sous le parasol troué de mon érable, tout l'après-midi, j'ai eu beau m' user les yeux, je n' ai plus vu que du bleu...
MdP (16-08-2012)