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1 septembre 2010 3 01 /09 /septembre /2010 15:08

     litterature policiere Arthur Upfield est né en 1888 dans la région du Hampshire, en Angleterre mais a passé la plus grande partie de sa vie en Australie où il arrive en 1910. Il sillonne l'intérieur du pays, se familiarise avec la culture aborigène ce qui lui donnera la matière pour les romans futurs. Sa vie entière se passe en Australie, hormis quelques retours en Europe: il combat dans les forces armées australiennes, il épouse une infirmière australienne Anne Douglas, il mène une existence de trappeur et de mineur tout en envisageant une carrière littéraire. Il se consacre ensuite à l'écriture. Même âgé, il continue ses explorations des terres vierges, participe à des recherches scientifiques dont il nourrit ses romans. Il meurt en 1964.

     C'est la création du personnage de l'inspecteur Napoléon Bonaparte en 1929, dans le roman The BaraKee Mystery qui inaugure la série qui lui fera connaître le succès.
  Ce personnage, qui se fait appeler par son diminutif Bony  aurait été inspiré par un pisteur métis, rattaché à la police de Queensland et serait aussi la synthèse de plusieurs aborigènes rencontrés par Upfield. Il deviendra un personnage récurrent des romans policiers de Upfield jusqu'en 1960.

    Il faudra attendre1991 pour que l'éditeur Jean-Claude Zylberstein publie l'auteur en français.
 L'écrivain est longtemps méprisé par l'intelligentsia australienne en raison de son intérêt pour la culture aborigène envers laquelle le racisme était de mise puis par les aborigènes qui lui reprochent des inexactitudes.
 
   61SJRCGP7KL. SL500 AA300Paru pour la première fois en 1940,  le roman PAS DE TRACES DANS LE BUSH n'est pas le plus célèbre d'Arthur Upfield mais il se déroule dans le bush, c'est-à-dire les immenses étendues désertiques du centre de l'Australie où les colons écossais ont installé des élevages de milliers de têtes de bétail. Les propriétés sont distantes de centaines de kilomètres, vivent en quasi autarcie et le trafic avec la ville se fait par avion. La culture européenne coexiste avec celle des tribus aborigènes,elles, en conflits permanents.

   Bony manque périr sous une bombe larguée au dessus de l'endroit de son pique-nique, à la première page du roman!  Il enquête sur la mort d'un officier de police dont la voiture est mitraillée dans les secondes qui suivent par un as de l'aviation, juste sous ses yeux. Apparemment, il s'agit de récupérer une sacoche avec les preuves de meurtres. De fait, l'identité de l'attaquant est vite dévoilée. Ce qui importe, c'est de comprendre les motivations de l'assassin et de contrecarrer ses plans de destruction et de meurtres. Comment faire pour que sa haine vengeresse ne prenne des proportions épouvantables? Il ne peut y réussir tout seul.
    L'intérêt primordial du roman réside dans la coopération du chef des Wantella, Eau Brûlante, avec l'inspecteur Bonaparte pour déjouer les perfidies de Rex (fils de Mcpherson ,propriétaire et de la belle métisse Tarlarin)qui s'est allié à la tribu ennemie des Illprinka et à leur chef sorcier, le traître Itcheroo. L'amitié et la confiance qui les unissent  s'explique en partie par le fait que Bony est lui aussi un métis, de mère aborigène et de père européen. Recueilli après l'assassinat de sa mère, il doit son nom à ce qu'il mâchait des feuillets d'une biographie de Bonaparte à sa découverte!... Il a donc dans ses gênes (c'est la théorie développée) la possibilité d'accéder aux mystères et aux pouvoirs occultes tout comme celle de vivre en harmonie avec les blancs. Eau brûlante, lui, a été le compagnon de jeux du vieil écossais. La justice traditionnelle n'a pas sa place dans cet univers naturel violent. La nature, avec ses paysages  immenses, âpres et inhospitaliers mais propices aux pièges de tout ordre crée, étrangement , un huis-clos oppressant. Tout y est exacerbé, excessif, tendu, explosif.
 Les chenopodes, les lantaniers, le bosquet de livistonias peuvent se transformer aussi bien en abris qu'en pièges mortels. Des marches sur l'argile rouge et brûlante se transforment en torture et que dire du raffinement des manoeuvres du tueur au sang-froid dans les plaines marécageuses ou au coeur des déserts. Le moindre petit nuage de poussière est vu à deux cents kilomètres... On communique autant par téléphone (quand les fils n'en sont pas coupés...) que par messages de fumée , les aborigènes ne portent qu'un cache-sexe alors que les blancs prennent le thé dans de la porcelaine sous les tableaux de leurs ancêtres, on parle "petit nègre" aux noirs, jugés souvent très primitifs...ou un anglais châtié.
 Bref, ce livre est marqué par les mentalités des années quarante et le colonialisme triomphant perceptibles à de nombreux détails, mais Arthur Upfield dépasse ces préjugés.
 Il sait reconnaître la grandeur d'âme des aborigènes, la force de leur civilisation. Il respecte leur loyauté, leur courage, et si certains sont traîtres et cruels , c'est qu'ils ont été pervertis par les valeurs occidentales fondées sur l'égoïsme et le goût du pouvoir.

 En résumé, un roman policier "ethnologique", curieux et assez captivant. Les rebondissements ne manquent pas dans cette structure narrative désormais classique. En tout cas, une découverte d'un milieu, des particularismes d'un continent encore secret et une plongée dans l'histoire des premiers pionniers du bush. 

 Edition 10-18, numéro 2504, collection "Grands détectives" dirigée par J.C Zylberstein. 287 pages.
 Traduit de l'anglais par Michèle Valencia.
  Publié en 1994 en 10-18. ISBN: 2-264-01963-8
                        


  

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commentaires

C
<br /> <br /> Bonjour Mimi,<br /> <br /> <br /> Note de lecture sur Littérature policière sur les 5 continents !<br /> <br /> <br /> J'aime bien cette série aussi .<br /> <br /> <br /> Câlins à Fil de Soie !<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Je suis contente de cette entrée sur le blog de la littérature policière sur les 5 continents. Ce livre m'a permis d'aller en Océanie : beau voyage dans le temps et l'espace, avec un inspecteur<br /> que j'ai trouvé très sympathique, que j'aurai plaisir à rencontrer de nouveau.<br /> <br /> <br /> <br />
R
<br /> <br /> Ma pile à lire étant monstrueuse ... je dois même commencer à en faire une com-pile-ation ... Je vais donc passer mon tour et attendre d'autres suggestions ...<br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Tu as raison, ce livre fait un peu partie des "antiquités", des" curiosités", du roman policier. Donc, il n'est pas à quelques années d'attente de lecture de plus ou de moins!!!!!...<br /> <br /> <br /> <br />
G
<br /> <br /> Tous les Upfield n'ont pas cette résonnance. Certains sont plus légers, mais tous sont des plaidoyers afin de réhabiliter la culture aborigène et ses mystères, la sortir de l'ombre. Cette<br /> démarche ethnographique les rend très singuliers.<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> En fait, c'est très instructif tout en étant un livre d'aventures. J'ai bien aimé ce mélange.<br /> <br /> <br /> <br />