Sur le thème du retour après un voyage proposé par Lénaïg, je n'ai pas eu le temps de composer quoi que ce soit comme en témoigne l' heure tardive de publication de ce jeudi en poésie...Alors, et vous n'y perdrez pas au change, je fais appel à Verlaine, à un poème qui correspond à mon expérience personnelle ( La Velleda en moins....) et que je me suis dit souvent intérieurement .
Paul Verlaine (1844-1896) après une absence de trois ans revient dans des lieux familiers et évoque avec bonheur et mélancolie mêlés un décor qui parle à son coeur
En dépit - ou peut-être en raison- de la brièveté du sonnet, les sentiments du poète s'expriment avec simplicité et sincérité.
APRES TROIS ANS
Ayant poussé la porte étroite qui chancelle,
Je me suis promené dans le petit jardin
Qu'éclairait doucement le soleil du matin,
Pailletant chaque fleur d'une humide étincelle.
Rien n'a changé. J'ai tout revu: l'humble tonnelle
De vigne folle avec les chaises de rotin...
Et le jet d'eau fait toujours son murmure argentin
Et le vieux tremble sa plainte sempiternelle.
Les roses comme avant palpitent; comme avant,
Les grands lys orgueilleux se balancent au vent.
Chaque alouette qui va et vient m'est connue.
Même j'ai retrouvé debout la Velleda,
Dont le plâtre s'écaille au bout de l'avenue,
_Grêle, parmi l'odeur fade du réséda.
Paul Verlaine,( Poèmes Saturniens)