Cette semaine , notre Captain des Croqueurs, Tricôtine, a proposé comme thème :" par la fenêtre" ou " fenêtre".
J'ai choisi de faire entendre la voix de Victor Hugo, alors patriarche et grand-père de Georges et de Jeanne dont il a la charge depuis la mort de son fils Charles et de sa femme.
C'est le matin, et par les fenêtres ouvertes , il se laisse envahir par les sensations et les perceptions du dehors.
Les yeux clos, il entend , il écoute, il devine ... Il nous entraîne avec lui dans une sorte de jeu de découverte d'un univers familier par une écriture de l'instant, très moderne et inhabituelle.
(Bonnard- 1911)
FENÊTRES OUVERTES
Le matin- En dormant
J'entends des voix. Lueurs à travers ma paupière.
Une cloche est en branle à l'église Saint-Pierre.
Cris des baigneurs. Plus près! plus loin! non, par ici!
Non, par là! Les oiseaux gazouillent. Jeanne aussi.
Georges l'appelle. Chant des coqs. Une truelle
Racle un toit. Des chevaux passent dans la ruelle.
Grincement d'une faux qui coupe le gazon.
Chocs. Rumeurs. Des couvreurs marchent sur la maison.
Bruits du port. Sifflement des machines chauffées.
Musique militaire arrivant par bouffées.
Brouhaha sur le quai. Voix françaises. Merci.
Bonjour. Adieu. Sans doute il est tard, car voici
Que vient tout près de moi chanter mon rouge-gorge.
Vacarme de marteaux lointains dans une forge.
L'eau clapote. On entend haleter un steamer.
Une mouche entre. Souffle immense de la mer.
VICTOR HUGO
1802-1885
( L'art d'être grand-père- 1877-)