Coucou à toutes et à tous!
Avant tout, MERCI pour votre amitié, votre présence et vos encouragements, vos messages et vos lectures silencieuses quand je n'avais pas la possibilité de communiquer par blog interposé. J'ai été très sensible à tout , j'en ai été réconfortée et rassurée. J'essaierai de vous laisser un petit mot personnel.
Me revoici donc à vos côtés après avoir filé à côté, sur les bords de l'absence, dix longs jours pleins à retisser le fil de mon quotidien, à y poser mes marques au fil rouge. L'ouvrage est fini maintenant, la trame des heures est solide et je reviens, humble fileuse, avec au bout des doigts, des idées à broder au fil des mots.
Pour ce jeudi en poésie, j'ai trouvé ce beau poème précieux de Paul Valéry en accord avec la proposition de notre cap'tain (thème: le fil) et aussi en correspondance avec mon "endormissement"......
La Fileuse.
Assise, la fileuse au bleu de la croisée
Où le jardin mélodieux se dodeline;
Le rouet ancien qui ronfle l'a grisée.
Lasse, ayant bu l'azur, de filer la câline
Chevelure, à ses doigts si faible évasive,
Elle songe, et sa tête petite s'incline.
Un arbuste et l'air pur font une source vive
Qui suspendue au jour, délicieuse arrose
De ses pertes de fleurs le jardin de l'oisive.
Une tige, où le vent vagabond se repose,
Courbe le salut vain de sa grâce étoilée,
Dédiant magnifique, au vieux rouet, sa rose.
Mais la dormeuse file une laine isolée;
Mystérieusement, l'ombre frêle se tresse
Au fil de ses doigts longs et qui dorment, filée.
Le songe se dévide avec une paresse
Angélique, et sans cesse, au doux fuseau crédule,
La chevelure ondule au gré de la caresse...
Derrière tant de fleurs, l'azur se dissimule,
Fileuse de feuillage et de lumière ceinte:
Tout le ciel vert se meurt. Le dernier arbre brûle.
Ta soeur, la grande rose où sourit une sainte,
Parfume ton front vague au vent de son haleine
Innocente, et tu crois languir...Tu es éteinte
Au bleu de la croisée où tu filais la laine.
PAUL VALERY (1871-1945)