Un point de départ breton donné par m'annette pour le défi du lundi:
"Assises sur le pas de la porte, Françoise questionne Marie: Alors, ce week-end à Paris? ça s'est bien passé?"
Marie:
Oh!!!...si tu savais!...j' suis si contente d'être de retour au pays! C'était... je sais pas comment dire, c'était...j'trouve pas les mots...J'suis encore toute ébaubie.
(Elle se tait, les yeux perdus dans les vagues qui se brisent doucement à ses pieds car la maison a aussi les pieds dans l'eau)
Françoise:
(après un silence respectueux mais avec une certaine impatience, bien légitime)
Explique-toi, j'voudrais qu'tu me dises quand-même qu'y s'est passé là-bas! Tu l'as vu le Paris?
Marie:
Oui, figure-toi , j'l'ai vu le Paris, mais c'est pas beau à voir, j'te jure! que des couloirs à n'en plus finir, des escaliers qui collent aux souliers à cause des chewingues-gommes qu'on a crachés, et puis des gens partout quitt'bousculent sans dire pardon avec un air à t'avaler toute crue.
J'manquais d'air et j'ai manqué tomber en catarepsie (j'tejure!...) tant que j'étouffais et tant que ça puait là-dedans, le pas propre. Et c'était noir, que de l'électricité partout... à 100000volts!
J'étais morte si j'avais pas trouvé un brave type qui m'a prise et m'a emmenée jusqu'à sa bouche!
Françoise:
Non!...tu t'es laissée faire? TOI !!!
Marie:
Qu'est-ce que tu voulais que j'fasse d'autre dans ma situation? Et j'étais bien contente, ça j'peux le dire!!! Y savait y faire, y m'a mise en confiance, et hop, embarquée la Marie pour le début de l'aventure, de la vraie, de la grande aventure! On est sortis ensemble et là, j'ai été ébaubie, comme j'ai dit d't'a l'heure par ce qui m'arrivait et alors y m'a laissée toute seule, plantée là sur le trottoir...
(Elle se tait , pinçant les lèvres et le regard fixant ses pieds mouillés maintenant car la marée est montée pendant cette conversation...)
Françoise, (avec des yeux exorbités par l'incrédulité et l'indignation)
Ces Parisiens, y zont vraiment pas d'éducation... Tu pleurais, la Marie?
Marie:
Non, j'ai ma dignité! Je faisais semblant de sourire...
J'savais plus quoi faire à côté de sa bouche. La Muette, que j'y ai lu!!!!!...Avec ça j'étais bien avancée!... J'devais avoir l'air fine, car un gars s'est approché, de belle mine et y m'a dit:
" Qu'est-ce tu fais-là la Marie?"
J'en revenais pas! c'était l'Fernand, tu sais, le cousin germain de la femme de l'auberge des Flots jolis, celui qui a marié une parisienne! Y m'avait reconnue tout de suite , y m'a dit!...
Françoise:
Y t'avais trouvé jolie!pour sûr, à la noce!!!!!... j'm'en rappelle!... et alors?...
Marie:
Alors, j'en avais assez vu de Paris et j'lui ai dit de me remettre sur les rails, ceux qui vont en Bretagne. J'lui ai donné une p'tite pièce pour sa peine et il la fait et me revoilà, bien aise...
Françoise (avec un grand soupir)
Y a pas à dire, mais ya un Bon Dieu quand-même!...
Silence plein de rêves et d'envies...auprès des vagues qui se brisent.