Enriqueta pour ce jeudi en poésie a proposé comme sujet " au pied de mon arbre".
Sans bouts rimés, à l'arbre aimé:
A ton pied mon Arbre, je goûte un plaisir à nul autre pareil.
Tu me rattaches à mes racines lointaines,
Toi l' humble arbre à poirillons né avec la Révolution de 1789.
Vénérable ancêtre, tu as tout connu des désastres, des joies et des misères d'une terre âpre et peu nourricière. Tu gardes la mémoire de ceux qui, nés à tes côtés, ont fui ton ombre pour la ville et ses poussières mortifères.
Tu as poussé à ta guise, remodelé au gré des vents, des blessures. Tu as perdu quelques membres au fil du temps mais tu gardes fière et libre allure.
Tu sais être accueillant et ton écorce porte la trace des assauts répétés des becs avides des pics-verts et années après années, une nichée de mésanges bleues à tête noire qui attise la convoitise des matous curieux, trouve refuge dans ton tronc creux.
Tu déplais à certains adeptes de la verticale et aux amateurs de gros fruits mais je te trouve beau.
Tu défies les lois de l'équilibre avec tes énormes branches décalées, ton ascension ininterrompue pour atteindre on ne sait quel ciel par des torsions et contorsions invraisemblables. On n'a jamais vu un poirier aussi haut dans les vergers. Mais toi, mon arbre, tu es "franc", un "arbre franc". D' un pépin qui a germé lentement tu es né, as grandi et maintenant, au terme d'une longue expérience,tu laisses exploser ton génie créatif, toujours renouvelé au fil des saisons.
Au printemps, tu es un peu fou. A l'été, tu bruisses de myriades d'insectes musiciens avides de tes petits fruits acidulés. Quand viennent les vents de l'automne et les neiges de l'hiver tu résistes encore, un peu lourd et vacillant pour préparer ta prochaine renaissance.
Mon arbre, tu es vraiment un artiste très fréquentable...
(photos© MdP)